La flamme jaillit à quelques mètres de moi et passe à dix centimètres de mon visage. La chose grogne en face en reprenant sa course effrénée. Je meurs de peur, jamais au cours de ma vie je n'avais ressenti un tel vide en moi, une telle angoisse qui creuse un gouffre géant dans mon estomac.
Je recule de quelques pas en prenant la fuite. Tout est noir, je n'y vois rien. Des formes sombres se faufilent autour de moi mais je ne distingue pas leur visage. Je sens seulement leur chaleur, leur souffle tout à côté.
Je progresse lentement les mains tendues en face de moi pour sentir un éventuel obstacle. Une mèche de cheveux barre mon visage ruisselant de sueur, je la repousse d'un souffle et tente de force l'allure; mais l'obsurité croissante m'environne toujours plus. Elle pèse sur moi comme une menace invisible qui voudrait me plonger dans les ténèbres.
Je veux courir mais je ne peux pas, mes yeux n'entrevoient pas la plus petite lumière. La chose est toujours derrière moi, elle se rapproche encore...elle semble prendre un grand plaisir à arriver lentement. Elle cherche à m'effrayer. Inutile, mon corps entier est agité de tremblements sous l'effet de la peur.
Je me sens opressée, ma respiration est difficile. L'air glacé pénètre dans ma gorge et mes poumons en m'écrasant un peu plus à chaque seconde. Je ne tiendrai pas longtemps ainsi. Où tout cela me mènera-t-il?
Je veux crier mais mes cordes vocales paraissent paralysées. Je sens sa présence, ce n'est qu'une question de temps avant qu'elle me rejoigne. Soudain je m'arrête, c'est trop dur je ne peux plus avancer. Je ferme les yeux en me résignant à mon sort et j'entend un grognement. Un grognement de haine indescriptible.
Je me laisse glisser au sol en me recroquevillant sur moi-même. Tous mes muscles se contractent. Je serre mes mains si fort l'une contre l'autre que je sens mes ongles s'enfonçaient peu à peu dans ma chaire.
Un souffle rauque s'élève soudain derrière moi, une sensation étrange m'envahit en partant de la nuque. J'ai la chaire de poule. Elle est juste derrière moi. Je ne peux me résoudre à la regarder.
Elle me contourne, ses pas lourds martèlent le sol marbré..boum...boum...les battements de mon coeur s'accélère.
Finalement j'ouvre les yeux et il n'y a rien. Ses pas résonnent toujours à mes oreilles comme un lointain écho assourdissant.
Le couloir est faiblement éclairé par une torche dont le flamme vacille sous le vent qui s'engouffre par la fenêtre. Je me relève chancelante du sang coulant de mes mains.
Et si tout n'était qu'un rêve?
Sam 10 Fév - 12:44
