ça c'est une inspiration subite de fin de soirée alors que j'attendais que mon frère me rapporte un Mc Flurry
Un texte assez spécial comme vous allez le constater, j'espère que vous comprendrez...
Non je ne bougerai pas. Tout le monde crie autour de moi, ils fuient en se bousculant les uns les autres. Ils veulent que je les suive. Un homme en uniforme me somme d'avancer, mais il en est hors de question. Je ne bougerai pas.
Je crois que toute ma vie l'on m'a dit ce que je devais faire, quand je devais le faire et pourquoi. Et tout cela dans quel but? Je pense qu'eux-même ne le savent pas.
Les interdits, les lois, toutes ces choses absurdes qui tentent de nous entraver sont bien futiles en réalité. Obéir aux ordres. Pourquoi? Dans quel intérêt?
Ils s'agitent tous comme des fourmis en voulant se donner quelque importance, mais ils ont oublié l'essentiel. Et aujourd'hui l'on essaye de leur montrer; et voilà qu'ils fuient. Vers où? Où espèrent-ils se cacher? Pensent-ils réellement pouvoir se dissimuler, se soustraire aux évènements qu'ils ont eux-même déclenché?
Absurdité.
Ils ont beau courir, hurler, ils ne pourront y échapper. On récolte ce que l'on sème; tout le sens de ce proverbe doit leur apparaître clairement maintenant.
Je ne bougerai pas. Peu importe leur supplication, leur brusquerie. Ils ne pourront pas me forcer. J'ai choisi d'affronter cela le regard digne, l'esprit serein.
Je resterai là jusqu'à la fin. Mon destin m'a conduit à cet endroit et pas dans un autre. Je ne bougerai pas.
Si j'ai peur? Evidemment que j'ai peur. Je suis même terrifiée. De toute ma vie je n'ai jamais ressenti un tel sentiment grandissant. Mais étrangement une part de moi se sent remplie d'un courage et d'une force indescriptibles.
Je regarde l'eau approcher en un torrent dévastateur qui engloutit toute vie sur son passage; mais je reste là, je ne bougerai pas.
L'écume blanche et dévorante rugit en face de moi comme la colère de Dieu.
Ma famille est partie, leur vie si précieuse s'est envolée à jamais pour rejoindre l'éternité. Je ne les pleure pas. Bientôt je serai à leur côté.
Personne ne comprend, personne ne voit rien. Pourtant la vérité s'étale devant leurs yeux voilés.
Pourquoi courir? Pourquoi pleurer? Bientôt tout sera terminé.
Me voilà seule dans la rue dévastée. Tout est désert et cruauté.
Je tourne la tête et l'aperçois, debout à quelques pas. Un arbre majestueux dont j'ignore le nom qui se balance sous le vent. Droit comme le roc, fier, magnifique. Tout comme moi il attend sereinement, confiant.
C'est comme s'il me regardait. Nous échangeons un long regard. Un regard empli d'amour, de solicitude, de compréhension, d'accompagnement.
Je souris faiblement car déjà je sens le souffle rugissant sur mon visage. Les gouttes glacées s'écrasent sur ma peau. J'entend un cri avant d'être emportée.
L'eau m'accueille en son sein déchainé. Ici ma vision est plus claire que jamais. Les vagues ondoyantes me bousculent dans un défilement de rugissements. Dans mes oreilles résonne la douce mélodie du vent s'engouffrant dans une fenêtre un soir de tempête.
Mes bras et mes jambes sont ballottés en tous sens tandis que mon dernier souffle d'air s'enfuit bien trop rapidement.
J'ai très peur. J'ai mal; un poids immense pèse sur ma poitrine. J'ouvre la bouche pour respirer mais je n'aspire que de l'eau.
Mon corps veut se débattre, lutter contre ce phénomène qui emporte ma vie.
Malgré tout je reste calme, je sais au fond de moi que ce n'est qu'une étape à passer.
Elle me parait durer une éternité mais se finit enfin.
Je me sens légère, ma tête flotte dans un nuage bleuté. Je ressens un grand sentiment de paix.
Un visage se dessine lentement sur cette horizon turquoise. Un visage sublime, mélancolique.
Avant de fermer les yeux je sens quelque chose m'accrocher, me retenir de toute la force de sa volonté...
...La vague déferlante s'éloigne doucement ne laissant que quelques flaques éparpillées sur le goudron humide. Tout est transformé, comme purifié.
Elle ne respire plus. Tout comme les siens sa vie s'est envolée. Elle n'est guère plus qu'une enveloppe que le vent vient effleurer.
Pourtant dans cette fin de chaos un détail nous attarde.
Dans notre colère les flots nous avons déchainé; décimé et emporté toute cette absurdité. Pourquoi cette fille n'a-t-elle pas bougé? Devant ce phénomène que nous avons provoqué elle est demeurée là, sereine et fort confiante. L'explication nous échappe. Mais il est un fait encore bien plus étrange.
Dans notre rage infinie nous les avons puni, engloutti à jamais dans nos eaux déchainées. Tous ont été pris et emmenés dans un autre lieu.
Pourtant en bas notre frère de la forêt retient dans ses bras cette jeune fille étrange qui ne nous pas fui. Il la retient si fort comme un somptueux trésor; s'accrochant à sa dépouille avec hargne et amour.
Pourquoi mon frère réagis-tu ainsi? Ignores-tu donc qu'elle fait partie de ceux qui nous ont tant pris?
Je n'ignore pas cela mais j'ai lu dans ses yeux, toute l'innocence et l'amour du plus pur de tous les êtres gracieux. Elle était différente, si belle à l'intérieur que ce fut pour moi un grand crime de la laisser partir dans un lieu morne et obscur. Je l'ai accueillé avec grand plaisir, car voyez-vous son âme est la plus brillante de toutes.
Non elle n'a pas bougé. Contrairement à eux elle a refusé. Refusé de fuir devant un crime qu'elle savait avoir commis. Jusqu'au bout même effrayée, elle a voulu assumé. C'est pour cela mes frères qu'elle a mérité que mes branches pleine de vie tentent de retenir la sienne. J'ai échoué mais je sais qu'elle s'est envolée au milieu des étoiles en compagnie des anges.
voilà c'est space je vous avez prévenu.
C'est un de ces textes qui vous vient d'un coup comme si votre main était possédée. Vous ne savez pas pourquoi vous écrivez ça et vous ne savez pas ce que ça veut dire mais vous le faites quand même...