Là accrochez-vous car c'est long !!!
En plus, je l'ai retouché donc c'est encore plus long que l'original
Chapitre 3
La lactasène
Gaya courait à travers le jardin du palais pleine de vie. Raphaël, un bel ange blond aux yeux bleus, l’être magique le plus digne de confiance de sa mère, la surveillait prenant bien soin de ne pas la laisser galoper n’importe où. Malgré ses petites jambes elle était capable de disparaître aussi vite que l’on clignait des paupières.
Il aimait beaucoup cette enfant, non pour ce qu’elle représentait, mais pour ce qui émanait d’elle… son sourire et son petit caractère toujours d’attaque. Mais surtout, ce petit regard d’ange qui dissimulait une vraie chipie toujours prête à faire des bêtises.
« - Raphaël… fais-moi un câlin ! fit-elle, le fixant avec un grand sourire comme si elle avait senti le fond de sa pensée »
Elle n’avait que quatre ans et n’avait commencé à marcher qu’à un an mais avait comblé elle-même ce problème car elle parlait aussi bien qu’une enfant de huit ans.
En tous les cas, avoir marché tard ne l’avait pas empêché, étant petite, de se promener à quatre pattes et d’explorer le palais de fond en comble, à en rendre fou les serviteurs qui la cherchaient. Seul Raphaël parvenait à la retrouver, elle se montrait à lui sans hésiter, il la connaissait aussi bien pour l’avoir longuement surveillé. Ses cachettes principales n’étaient plus un secret pour lui… mais juste entre eux !
« - Viens ici ma belle. répondit-il en la prenant dans ses bras
- Maman me manque… dit-elle tristement
- Elle est très occupée tu sais, c’est pour ça que je veille sur toi. A quoi veux-tu que l’on joue ?
- Les Fleurs ! Les Fleurs ! répondit-elle toute excitée »
Il la déposa sur le sol et s’allongea sur le ventre, elle grimpa sur son dos et s’y étala de tout son long comme elle avait l’habitude de le faire.
Joue contre joue ils observèrent une petite fleur se trouvant juste sous leur nez. Elle était blanche au cœur jaune scintillant et aux pétales longues et fines retroussées sur des extrémités mauves.
« - Tu vois cette petite fleur, c’est une lactasène. Elle ne pousse que pendant la belle saison, celle de l’amour… lorsque sa magie se mêle aux énergies de notre monde. Elle est le symbole de l’harmonie et la preuve qu’il n’a pas disparu. Tant que tu en verras, tu sauras que l’espoir est toujours là et que quoiqu’il arrive l’amour te permettra de surmonter les épreuves les plus difficiles. »
Ïnée, puissance du bien, était la force créatrice de ce monde. Elle avait donné vie aux êtres et créatures peuplant son royaume et encore aujourd’hui elle créait végétaux, minéraux et quelques autres créatures magiques. Suivant chacune un cycle de reproduction, elles veillaient aujourd’hui à la prolifération de leur espèce tout en cohabitant et en respectant les autres.
Son royaume ne possédait pas de soleil, à l’aube des temps, elle avait fait en sorte qu’une lumière magique générée par l’aura de ses créations permettrait de créer un éclat conservé dans les éléments environnants… tous seraient les lumières du royaume.
Ainsi, elle serait éternelle tant que ses créations vivraient en harmonie et se reproduiraient. La lueur était permanente et très douce, le jour et la nuit n’existait pas, chacun se reposait quand il fallait se régénérer suite à un combat ou à un rude entraînement.
Chaque être possédait un pouvoir majeur et quelques dons tel que la voyance, la télépathie, la télékinésie et bien d’autres. L’environnement de ce monde les aidait à travailler leurs capacités psychiques. Par exemple, les points d’eau aidaient à l’apaisement de l’âme et à la méditation de l’esprit afin de concentrer ses énergies. Les végétaux permettaient de la faire circuler, d’apprendre à la transmettre, à la recevoir et à la contrôler afin de s’épanouir et de se découvrir de nouvelles capacités. Enfin, les minéraux possédaient un avantage sur les autres éléments qui leur était propre… leur composition pouvant varier, chacun d’entre eux possédait un pouvoir majeur et permettait aux êtres de concentrer le leur dans la pierre adaptée afin de s’en servir un peu plus tard, voir même d’accroître sa puissance magique.
De la même façon l’eau aidait à la voyance, les végétaux à la télépathie et les minéraux à la télékinésie, ses trois dons figurant comme les plus « répandus » dans l’univers de la magie.
Quand deux être réalisaient une union, l’endroit où ils se trouvaient lors de leur rapport, l’intensité de leur amour, le vécu de la mère pendant la grossesse, le lieu de naissance, ainsi que leur propre dons déterminaient ceux du futur bébé. Le pouvoir majeur ne se révélait que la cinquième année et ne pouvait être connu avant cette date. Plus tard, l’enfant pouvait développer de nouveaux dons et améliorer les siens en fonction de son caractère et de son envie d’apprendre.
L’âge des êtres et des créatures était compté par la pousse des lactasènes, son apparition signifiait le commencement d’une nouvelle année et était célébrer par une grande fête. Le jour de l’amour était très important dans ce royaume et beaucoup d’être s’unissant à ce moment là souhaitant offrir les énergies les plus douces à leurs enfant. Ainsi, elle générait de nouvelle passion et de nouvelles naissances.
La fleur mourait le lendemain de sa pousse, ce qui restait un mystère que seul Ïnée connaissait...
« - Une lactasène… l’amour ? fit-elle étonnée
- Oui, l’amour. répondit Raphaël avec un sourire
- C’est quoi l’amour ? »
Il se doutait qu’elle allait lui poser cette question car même les plus sages peinaient parfois à y répondre. L’amour ne s’exprimait pas réellement par des mots mais il devait pourtant le lui expliquer. Il chercha ses mots pour ne pas se tromper et prit bien le temps de répondre et de lui expliquer calmement.
« - Et bien l’amour c’est quand deux êtres vivent l’un pour l’autre, qu’ils ne supportent pas d’être séparés et, surtout, quand l’un est prêt à se sacrifier pour l’autre… c’est deux être ne forment qu’un, leur énergie se croise et le seul fait d’être ensemble suffit à les apaiser. »
Gaya le regardait perplexe, elle fronçait les sourcils et s’imaginait mal mourir pour un garçons ou ne faire qu’un avec.
« - Moi les garçons je m’en fiche, quand je serai grande je serai une aventurière ! affirma-t-elle en bombant le torse »
Raphaël sourit et, ne cherchant pas à la contrarier, continua ses explications.
« - Tu sais, tu es un petit peu petite encore mais le jour où tu rencontreras l’être aimé tu comprendras que rien de ce que je t’ai expliqué ne peut se traduire par des mots… l’amour est la plus belle chose qui existe. »
Un silence s’installa, Gaya regardait le ciel et essayait de comprendre en vain.
« - Par ailleurs, saches que si un jour la peur et le désespoir t’envahissent et que tu aperçois cette fleur, tu dois te souvenir que ceux qui t’aiment sont dans ton cœur. Ils ne t’oublieront jamais et t’offriront leur force quand tu en auras besoin. »
Elle ne savait plus quoi dire, Raphaël la fixait et malgré son regard incrédule il savait qu’au fond d’elle ces mots resteraient gravés et lui servirait un jour.
Après un long moment d’intense réflexion sa langue se dénoua encore pleine de questions.
« - Mais alors cette fleur n’apparaît que quand on est amoureux ?
- Bonne question ! Cette fleur n’apparaît que lorsque l’amour est présent et qu’il est très intense, seulement elle ne pousse que pendant un jour précis. Chaque année, à cette date, l’amour de tous les êtres et créatures de ce monde se transforme en énergie qui s’entrecroise et se mêle afin permettrent la pousse de la lactasène. On appelle ce jour :
l’aurore. Le plus étonnant, c’est que beaucoup d’êtres s’aiment tout au long de leur vie mais la lactasène ne pousse qu’une fois par an et personne ne sait pourquoi… sauf ta mère qui en est la créatrice. »
Elle observait la petite fleur blanche se demandant comme un si petite chose pouvait renfermer autant de magie. Ce mystère restait à élucider… et trouver la solution ne lui déplaisait pas, elle s’en occuperait en temps voulu.
« - Pourquoi on appelle ce jour l’aurore et pas le jour de l’union, par exemple ?
- Tout simplement parce que peu avant sa pousse le ciel est plein de ligne magique. Ces lignes sont les énergies entremêlées de tous les êtres de notre monde, elles sont de toutes les couleurs… c’est magnifique.
- Pourquoi je ne les ai jamais vu ?
- Tu n’y as jamais fait attention, tu passes la majeure partie de ton temps dans le palais en obligeant les serviteurs à te courir après pour tout et n’importe quoi. Je sais que ça t’amuse mais avec tout ce remue ménage tu n’as pu jamais prêté attention à ce qui se passait à l’extérieur. De plus, on ne sait jamais exactement quand apparaissent ses aurores, c’est un peu comme une surprise. Elles restent jusqu’à ce que la fleur se fane et une grande célébration est organisée dans la journée pour fêter le début de la nouvelle année et l’achèvement de l’ancienne. »
Gaya se sentit rougir, c’est vraie qu’elle aimait faire courir les serviteurs, les voir paniquer à l’idée de l’avoir perdu et qu’il lui soit arrivé quelque chose… c’était tellement amusant pour elle. Il fallait avouer qu’elle ne sortait que rarement du palais, des professeurs lui enseignaient les arts de la magie et lui apprenait à développer son pouvoir majeur mais l’extérieur lui était inconnu… en dehors du jardin du palais, elle n’avait d’ailleurs jamais songé à sortir pour découvrir son monde.
Elle changea de conversation car il lui restait beaucoup de questions à poser.
« - C’est possible d’en créer ? De fabriquer nous même ces fleurs avec notre magie si on aime assez ? questionna-t-elle
- Personne n’a jamais essayé, ta mère est la créatrice de ce monde et la seule à connaître ses fleurs… il te faudrait contrôler toutes les énergies, et notamment celle de l’aurore pour ça et tu me parais encore jeune pour faire ce que fait ta mère.
- Ca ne me coûte rien d’essayer ! »
Raphaël la regardait désespérément, il la connaissait trop bien pour savoir qu’elle ne changerait pas d’avis.
« - Comme c’est aujourd’hui le jour de l’union, je n’ai qu’à concentrer l’amour que j’éprouve pour ma maman et créer une lactasène. »
Raphaël ne répondit pas, il savait que ce n’était pas aussi simple mais il se contenta et de l’observer attendant qu’elle se ridiculise et qu’elle comprenne que l’amour de l’aurore était différent de l’amour qu’elle éprouvait pour sa mère.
Et puis, il ne voulait pas la contredire sachant que les enfants étaient des âmes innocentes en pleine découverte de ce monde et que le meilleur enseignement passait par la pratique.
Gaya ferma les yeux et concentra son énergie autour d’elle. Visualisant la fleur, elle pensa fort à sa mère et aux merveilleux moments qu’elles avaient pu passer ensembles. Elle s’accroupit et posa sa main sur le sol afin de faire circuler le flux magique. Une bonne minute passa mais rien ne se produit, Raphaël leva les yeux au ciel car il savait à quel point elle était têtue… il en aurait sûrement pour un moment avant qu’elle n’abandonne.
Un long quart d’heure s’écoula sans un bruit, seul le vent faisait voler le feuillage et témoignait que le temps ne s’était pas figé. Quand enfin il se leva pour lui dire d’abandonner un éclair jaillit du sol à l’endroit où elle appuyait sa main, il retint son geste et s’éloigna.
Gaya était toujours accroupie les yeux fermés et concentrée mais ses sourcils étaient maintenant crispés, comme si elle produisait un effort dont elle ne pouvait se détacher.
Plusieurs ondes électriques sortaient à présent du sol, toujours à l’endroit où sa main était appuyée. Son visage finit par s’apaiser et les ondes électriques devinrent un nuage de fumée qui fit le tour de son bras, puis de son corps, descendit à ses pieds et remonta jusqu’à sa tête. Au contact de son visage, son corps se cabra et ses yeux étaient maintenant levés vers le ciel, ouvert. Des milliers de couleurs les traversaient, les ondes de l’aurore brillèrent ardemment dans le ciel et semblèrent se figer un court instant.
Raphaël observait ébahit, ne comprenant rien à ce qui se passait. Gaya était là, le visage apaisé, la main toujours en contact avec le sol et pourtant son regard n’était plus celui de l’enfant qu’il connaissait… cet arc-en-ciel de couleur présent dans ses yeux témoignait qu’elle était en contact avec l’aurore elle-même.
Les ondes du ciel s’entremêlèrent en un tourbillon et formèrent un entonnoir qui coula jusqu’à elle et jusque dans ses yeux. Une aura blanche l’entoura et grandit tellement que l’on ne pu bientôt plus la voir tant le flash devint aveuglant.
Raphaël n’osait plus bouger les yeux à l’abri derrière son bras il attendit que tout s’apaise espérant qu’il ne soit rien arrivé de grave à Gaya… une telle concentration d’énergie pouvait s’avérer très dangereuse sans y être préparé. Le vent, l’herbes, les feuilles… plus rien ne bougeait ni n’osait émettre le moindre son. Le temps semblait s’être arrêté et l’environnement lui-même semblait attendre de voir ce qui allait se produire.
Quand la lumière s’apaisa et fut assez faible pour que l’on puisse l’apercevoir des ondes de création firent vibrer le sol et saturèrent l’espace.
« - Mais c’est… c’est impossible… balbutia Raphaël au comble de l’inquiétude »
Il put enfin l’apercevoir et vit qu’elle n’avait pas bougé, les énergies de l’aurore étaient retournées dans le ciel et ses yeux étaient à présent fermés. Un sourire se dessinait sur ses lèvres, elle était apaisée et ne souffrait pas. Le sol cessa de vibrer, les ondes de créations ne flottaient plus dans l’air mais il y avait à présent une forte énergie sous la main de Gaya.
Le sol s’ouvrit et un arbre jaillit du sol poussant à une vitesse fulgurante. En un rien de temps, il atteint quinze mètre de haut. Fin et élancé, d’une couleur beige crème des feuilles vertes tendres poussaient peu à peu le long de ses longues branches.
Les lactasènes fanèrent une à une et vinrent pousser contre l’arbre, sur son tronc et parmi les autres feuilles. Les ondes s’apaisèrent et s’évanouirent une fois que la dernière lactasène s’ouvrit.
Gaya se leva enfin et ouvrit les yeux, contemplant son œuvre.
« - Bah… c’était pas vraiment ce que je voulais faire mais c’est mieux que rien. dit-elle pour elle-même. En attendant, t’as vu ! J’ai réussis ! termina-t-elle à l’adresse de son aîné »
Raphaël regardait l’arbre ne sachant plus quoi penser, Gaya était peut-être la fille des puissances mais elle était encore jeune et avait déjà débloqué son pouvoir majeur… celui ne pouvait être un simple don !