Récapitulatif de Fausse innocence

Fausse innocence

Courant dans les rues mal éclairées, Gwenaëlle haletait mais continuait malgré tout à suivre le même rythme soutenu.
Quelques instants plus tôt elle était entrée dans une vieille bâtisse grinçante, elle était prête à la tuer... grimaçait-elle en y repensant. Fichue bicoque qui l'avait trahie. Et puis cette petite vieille au regard dégoulinant de crainte l'avait fait reculer.
Elle aurait du dormir cette femme et mourir dans son sommeil. Elle ne savait pas même pourquoi de toute façon son patron ne la payait pas pour poser des questions.
Ce soir elle allait avoir des difficultés à le calmer. Elle avait entendu des sales histoires de ses employés qui étaient morts pour moins que ça.
Arrivant près du café elle frissonna et hésita à entrer. Mais un vertige la raisonna et ouvrant la porte, le barman la reconnu aussitôt.

- Eh Gwen tu rentres enfin ?

Elle ébaucha un sourire devant l'homme au crâne dégarni et s'apprêta à monter l'étage pour parler à son patron.

- Gwen ! Appela une dernière fois le barman. T'as une tête à mauvaise nouvelle et ce soir le patron veut pas en entendre.

La jeune femme ne dit rien et monta malgré tout. Toquant brièvement à la porte, elle entra un instant sans même savoir si elle en avait la permission. Eric finissait un appel et lança un bref regard à l'arrivante. Un instant après le téléphone était projeté contre le mur quand elle avait tout expliqué. L'homme s'était levé subitement et s'approcha dangereusement de la jeune femme.

- Petite salope... je te paie pour quoi ? T'es même pas foutue de faire un boulot de débutante ?

Il respira bruyamment.

- Tu sais quoi ? Casse-toi reviens quand je t'appellerai, pas avant.

Gwenaëlle devint blanche en comprenant.

- Monsieur... je ne peux pas avoir une avance sur ma prochaine mission ?

Elle se mordit les lèvres aussitôt lorsqu'une gifle l'atteignit.

- Ta dose ? Dégages avant que je cherche une remplaçante...

Elle obéit aussitôt et ferma la porte quelques secondes plus tard


Gwenaëlle se demanda comment pourra-t-elle survivre sans sa drogue de ses chaque missions.
Elle rentra chez elle puis vit sa mère en train de dormir dans le canapé. Elle monta doucement pour ne pas la réveiller. Quand elle entra dans sa chambre, elle vit comme si un raz de marée était passé par là.

- Merde encore cette chambre à ranger.

Elle entendit son père rentrer et ferma sa porte à clé pour qu'il ne voit pas le désastre. Elle commença à la ranger mais par cette journée trop épuisante, elle s'étala sur son lit.

A peine fut elle effondrée sur son lit que la scène de cet après midi revint. C'était comme si elle venait d'arriver sur la scène. Mais cette fois elle savait qu'elle ne devait pas agir de la même manière. La sueur au front et toujours cette même peur au ventre, elle avait du mal à se convaincre que tout était un rêve. Elle revit sa mission lui passer sous le nez mais cette fois rien ne pourrait l'empêcher de la conclure. Elle couru, écarta cette vielle bique qui l'avait gêné la dernière fois, elle la poussa tellement fort que son ennemi percuta le mur d'en face violement dans un cri de douleur assez intense. Elle récupéra facilement la marchandise et s'empressa d'allez voir Eric d'un air réjouie.
Le barman l'interpella en lui souhaitant bonne chance, que le patron n'était pas de très bonne humeur mais qu'elle avait l'air sure d'elle cette fois.
Gwenaëlle entra d'un pas décider, posa la marchandise sur le bureau toujours impeccable de son patron avant même que celui ci raccroche le téléphone. Ravi il lui donna sa part du contrat et l'heure de sa prochaine mission. Elle rentra chez elle comme une fleur, sa mère était debout en train de faire à manger, en l'entend rentré elle lui annonça d'un air satisfait qu'elle venais de ranger sa chambre et que le dîner serai bientôt prêt.

Gwenaëlle monta les marches pour accéder à sa chambre au deuxième étage quand tout à coup elle entendit appeler d'un cri résolu. "Gwenaëlle on mange, descend tout de suite sinon tu n'aura rien".
A ces mots la jeune femme sortit de son lit, et à sa grande surprise en ouvrant les yeux sa chambre était rangée. Elle descend pour passer a table en se questionnant en peu sur cet événement bizarre. Quand l'envie lui prend de sortir un mouchoir de sa poche pour un usage imminent elle sent une seringue dans son mouchoir. A table la jeune Gwenaëlle semblais plus que perturbée. Mais qu'elle était se rêve étrange, et était ce un rêve ?

- J'arrive... maugréa-t-elle.
Elle farfouilla un instant sous son lit et ne trouva rien dans la boîte qu'elle cherchait. Evidemment c'était prévu...
La jeune fille resta assise un instant et respira profondément. Combien de temps déjà ? Une semaine ? Une semaine sans rien c'était pas le moment d'être en manque...
Elle maudit cette vieille femme et descendit, le front moite.

Gwenaelle garda le regard fixé sur la pendule durant tout le repas. Son état de manque ne faisait qu'augmenter, de la sueur perlait sur son front tandis qu'elle s'efforçait de maîtriser le tremblement de ses mains.

Sa mère lui glissait des regards inquiets mais ne pipa mot. Brusquement Gwenaëlle se leva pour se ruer dehors.

-Où vas-tu? s'écria sa mère depuis la cuisine.

Mais sa fille avait déjà disparu.

Elle avait une fois déjà il y a un an, été en manque et le seul moyen pour elle de patienter était de courir. Courir jusqu'à n'en plus pouvoir de fatigue. Elle exprimait toute sa rage et tout son désespoir.
Comment avait-elle pu seulement en arriver là ?
Si seulement on lui avait laissé son enfant...

Des habitants virent une jeune femme courir, à peine âge de plus de vingt ans et qui semblait déterminée à aller au bout de ses forces.

La jeune s'effondra dans un parc désert aux ombres inquiétantes qui s'agitaient dans la nuit. Le souffle court, elle admira un instant les étoiles qui scintillaient au-dessus de sa tête comme une lumière rassurante.

Comment en es-tu arrivé là? Se demanda-t-elle en sentant des larmes inonder ses joues.

Le drame de sa vie défila une fois de plus dans sa tête, elle ne remarqua pas ces inconnus s'approcher sans bruit.


- Alors gamine qu'est-ce que tu fais là en pleine nuit ? Demanda un vieillard à la face bienveillante. Tu sais que c'est dangereux de traîner dans le coin ?
Gwenaëlle ricana et lui répondit aussitôt
- Ne vous inquiétez pas, le danger c'est moi...
Il l'aida à se relever et lui tendit un mouchoir de flanelle.
- Allons bon, une aussi jolie jeune fille ne pourrait pas faire de mal à qui que ce soit n'est-ce pas ?
Elle ne put s'empêcher de sourire en songeant qu'elle ne comptait plus le nombre de personnes qu'elle avait du tuer pour en arriver à son grade.
Des larmes perlèrent à ses joues lorsque l'homme l'embrassa sur la joue.
- Allez ma grande tu es trop jeune pour te laisser aller par tes soucis. Faut te relever, être forte.
Ils restèrent un long moment assis, à contempler les étoiles et lorsque la nuit fut complète elle commença à lui avouer son terrible secret.

La jeune fille se sentait plus légère...du moins pour les quelques minutes à venir. Elle qui faisait tout pour cacher à sa famille ce qui occupait toutes ses journées, elle venait de se confier à un inconnu...peut-être pas si inconnu que ça. Elle se sentait vraiment en confiance avec cet homme. Elle avait l'étrange sensation de le connaître mais sans parvenir à trouver comment et pour quelle raison elle le connaîtrait.

-Dans la vie, il arrive que l'on s'égare, que l'on choisisse la mauvaise route. Mais il n'est jamais trop tard pour retrouver le bon chemin. Il faut savoir tirer des leçons de ses erreurs.

Malheureusement pour elle, elle ne pouvait pas arrêter. Elle était prisonnière de sa propre vie, dont elle ne maîtrisait rien. La seule maîtrise qu'elle avait c'était celle de tuer, ôter la vie à des personnes. Elle faisait depuis tellement longtemps qu'elle ne réfléchissait plus à ce qu'elle faisait, en plus de ses dépendances aux drogues.
Gwenaëlle ne savait plus comment s'en sortir. Le vieux l'avait troublé par son discours. Sans prévenir, elle se leva d'un bond du banc et se mit à courir, courir,courir,pour ne plus réfléchir, ne plus penser, ne plus sentir cette douleur qui la consumait et la détruisait chaque jour un peu plus...


Elle courut longtemps avant que sa respiration brûlante ne lui déchire les poumons et qu'elle s'arrête, proche de l'évanouissement.
Pendant un long moment, Gwenaëlle resta contre le mur d'une maison, tentant de reprendre ses esprits.
Son portable vibra et sans même prendre la peine de regarder qui pouvait l'appeler à cette heure elle décrocha.

- Salut Gwen, le patron demande à ce que tu rentres.

La jeune fille soupira et reprit le chemin vers le café. L'odeur de tabac familière la fit presque sourire et la bonhomie du serveur lui fit oublier un instant dans quelle situation elle se trouvait.
Elle monta l'étage, se préparant à toute éventualité et lorsqu'elle entra elle vit en face de l'homme une femme à la haute stature, les cheveux roux.

- Je te présente Tara, ta collègue, grinça le patron. A partir de maintenant vous vous partagez les missions. Elle a gagné son poste il n'y a même pas un quart d'heure...

Gwenaëlle fronça les sourcils, sachant d'avance ce que pouvait signifier l'obtention d'un tel travail.

- Et qui a-t-elle tué pour ça ?

- Un certain vieillard sur laquelle une pauvre tueuse s'est épanchée. Elle devait faire une simple filature pour te dire de revenir et elle a compris le danger que représentait cette personne.

La jeune fille hurla, dévastée.

- Il n'avait rien fait !!! Rien fait du tout ! Je peux vous assurer qu'il n'allait rien dire !

- Et bien maintenant nous en sommes sûrs, murmura Tara.

Gwenaëlle faillit empoigner la femme et un geste de son patron l'en dissuada.

- Les filles vous êtes gentilles, pas de tuerie entre collègues. Je vous ai appelées pour une mission particulière. Tu as l'occasion de te rattraper Gwenaëlle. Tu aideras Tara à récolter des informations sur un certain Lucas Griltor avant d'avoir à le tuer. C'est là où je compte sur tes talents d'infiltration de discrétion et de séduction. Suis-je bien clair ?

La jeune fille hocha la tête, néanmoins ébranlée par la mort d'un homme qui avait été bon avec elle. Elle se pencha en même temps que sa collègue sur la photo que tendait le patron.
Un jeune homme âgé de 20 ans souriait, le visage frais et les yeux pétillants.


Gwenaelle et sa collègue non désirée retrouvèrent la rue déserte. Un malaise tel qu'elle n'en avait ressenti qu'une seule et unique fois s'était installé dans l'estomac de Gwen. Cet homme était innocent, il était mort pour s'être montré gentil envers elle, pour l'avoir écouté, soutenu. Trois choses que personne n'avait fait pour elle depuis tellement longtemps. Elle jeta un regard en coin meurtrier à son associée qui souriait.

-Alors ça y est tu es remise ou tu veux chialer un peu avant de te mettre en route?

Gwenaelle serra les poings, une ombre à la fenêtre qui les surplombait lui fit lever la tête. Il les surveillait.
Sans un mot de plus, elle hocha la tête et se dirigea vers la voiture qui n'attendait qu'elle.

Croyant avoir gagné, Tara sourit de plus belle, inconsciente du fait que sa collègue venait de prendre une importante décision la concernant. Une décision muette mais déterminée. En se glissant sur le siège passager, Gwenaelle referma ses doigts autour du couteau logé dans sa poche. Cette Tara allait payer le crime qu'elle avait commis.

Le couteau sortit à une vitesse qui stupéfia Tara. Elle stoppa néanmoins sa collègue d'un geste précis.

- Ecoute moi bien, souffla-t-elle.

Gwenaëlle se débattait, les larmes venant d'elle-même, insensible à ce qui l'entourait, aveugle et sourde. Tara bloquait sa main et voyant qu'elle n'était pas prête à l'écouter, la gifla.

- Ecoute ! Finit par crier Tara. Ton ami n'est pas mort !!! Il n'est pas mort tu m'entends ?

La jeune fille lâcha le couteau, sans force.

- Que... quoi ? Begaya-t-elle.

La femme rousse eut un léger sourire presque moqueur et voyant que Gwenaëlle était proche de la crise de nerf, lâcha son poignet et recula pour lui laisser de l'espace, montrant qu'elle était innofensive. Elle la regarda un long moment et son sourire disparut quand elle vit l'état de la jeune fille.

- Merde, murmura-t-elle. Ca fait combien de temps que tu fais ça ? Comment as-tu perdu cette insensibilité ? Ce sont des clients Gwenaëlle, seulement des clients. On est au-dessus de tout ça, on ne peut pas s'épancher sur n'importe quel passant ! Ca nous rend vulnérable !!! Ne refais plus jamais ça, je serai réellement obligée de tuer le témoin.

Gwenaëlle s'essuya rapidement le visage et reprit ses esprits.

- Je... je ne sais pas ce qui m'arrive avant je n'étais pas comme ça, j'étais froide et je ne me posais aucune question. Et puis je suis en manque et... Elle secoua la tête. Depuis combien de temps fais-tu ça toi ? Demanda-t-elle à Tara.